Solidarité de l'eau par bassin versant : miracle ou mirage ?

Clin d'oeil à l'intitulé de l'excellente conférence sur la croissance verte du 12 avril à Nantes (TerraEco) : la gestion de l'eau par bassin versant et la concertation "paritaire" associée (usagers, élus, industriels et agriculteurs), modèle tant promu par la France, font-elles réellement des merveilles ou montrent-t-elles finalement de sérieuses limites ?
Quelques cas d'étude incitent en tout cas à se poser la question, tant l'attitude de certains acteurs laisse parfois pensif, voire pantois. 

La solidarité de l'amont envers l'aval fait l'objet depuis longtemps de discussions et de négociations nationales et même internationales*. Les maîtres d'ouvrages des bassins versants supérieurs ont compris qu'ils devaient partager la ressource, en quantité et en qualité, avec les usagers de l'aval.
Quand il s'agit de renvoyer l'ascenseur ... ça peut coincer.
L'exemple nous vient d'un barrage régulant un plan d'eau où se développent des activités de loisirs. Les usagers aval, grands consommateurs d'eau en période estivale sur un littoral attractif, ont pris l'habitude d'un certain confort grâce à des débits minimums assez élevés, garantis par la bonne gestion du barrage. Lorsqu'il s'agit de lâcher un peu de lest et permettre au plan d'eau de se maintenir à un niveau acceptable ... les pompeurs à tout crin se refusent à compter les mètres cubes pour les partager avec les amateurs de ski nautique et autres baignades en eau douce !
On est sans doute encore assez loin du dialogue idéal dans les bassins versants hexagonaux.
Les tableaux de bord de SAGE** mettront sans doute encore du temps à afficher des objectifs et indicateurs d'avancement basés sur un partage transparent des données sur l'utilisation de l'eau.

* voir le jugement récent de la cour internationale de justice (CIJ) de La Haye au sujet de l'usine de pâte à papier sur le fleuve Uruguay qui sépare les deux pays
** Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux (corolaires des SDAGE plus larges)