Xynthia et ses zones noires : une question de sémantique ?

Le 28 février la tempête Xynthia provoque des phénomènes de submersion marine de la Bretagne à la Charente-Maritime.
Très rapidement il est question de "zones noires" où tout retour sera impossible pour les habitants.
Puis en avril, devant le tollé provoqué par la publication des-dites zones, on les rebaptise "zones de solidarité".

Dans l'échelle des zones soumises à réglementation du fait des risques naturels on trouve la zone en bleu (où les nouvelles installations sont autorisées sous conditions de mise à l'abri du risque identifié) et la zone en rouge (où les nouvelles installations sont tout simplement interdites). Suivant cette logique chromatique il était alors tout naturel de définir des zones noires où non seulement tout nouvel arrivant est indésirable (comme en zone rouge) mais de surcroît les résidents actuels sont priés de plier bagage.
Pour cet exercice périlleux les services de l'Etat ont dû jouer contre la montre. Il n'était pas question de laisser se réinstaller les personnes dans ces zones de danger extrême. Il aurait été extrêmement délicat d'avoir à déloger des sinistrés revenus dans leurs murs.
Pas le temps dans ces conditions de tergiverser sur la bonne dénomination de ces zones lourdes de conséquences.
"Zones noires" ou "zones de solidarité", peu importe finalement. Les sinistrés réclament aujourd'hui une explication de texte à laquelle ils ont droit. Les rapports d'étude devront être produits, à la demande notamment de Corinne Lepage, avocate de l'AVIF. On voit mal d'ailleurs comment cette dernière évitera les contorsions entre la défense des intérêts des sinistrés et l'aménagement durable du littoral qui prévoit de mieux respecter un espace de transition entre mer et zones habitées.
post-scriptum : ironie de l'histoire, les bureaux où j'ai réalisé mon stage de fin d'étude en 1996 à La Rochelle sont aujourd'hui en zone ... de solidarité
[la lettre du ministre du développement durable aux maires : cliquez ici]