mercredi 23 juin 2010

Un saumon qui remonte un fleuve : combien ça vaut ?

Un saumon qui se fraye un chemin, remontant les frais cours d'eau depuis la Baie du Mont Saint-Michel, qu'est-ce que ça vaut ? Selon la réponse, on décidera ou non d'investir dans des travaux de suppression d'obstacles hydrauliques, comme ces petites vannes anciennes qui ont pu servir autrefois à fournir eau et énergie à de petites industries locales.

Pour bien s'assurer de la "rentabilité" de l'investissement, il faut bien mettre dans la balance d'un côté le coût de l'opération (études et travaux) et de l'autre notre cher saumon. Ou du moins sa valeur équivalente en euros sonnants et trébuchants. Et c'est là que ça se complique. Quelle méthode adopter pour connaître un tel prix ?
N'est-ce pas ce qu'on appelle l'aménité, c'est-à-dire un service que nous rend le milieu naturel sans que cela ne se traduise en valeur vénale ? Pas seulement. Il est possible d'attribuer un prix à notre poisson migrant avec par exemple une étude de la volonté à payer : une enquête permettra de savoir auprès d'un public correctement échantillonné combien en moyenne nous sommes prêts à payer pour permettre au saumon de franchir gaiement ce méchant obstacle se dressant sur son chemin reproducteur.
Pas d'alternative ? Et pourquoi pas une analyse multicritère ?
C'est une méthode moins directe, qui ne fournit pas un résultat unique sur une simple échelle de coût. Donc on renonce bien souvent à la mettre en oeuvre. Et pourtant c'est bien la plus appropriée pour comparer 2 à 2 les options environnementales qui se présentent tous les jours à nous. Si un projet de nouvel obstacle hydraulique (comme un nouveau pont traversant la vallée, par exemple) venait à contrarier la remontée du saumon vers ses eaux natales, comme l'intégrerions-nous dans le projet ? L'évaluation contingente ne fera pas peser lourd le saumon hardi, alors qu'une analyse multicritère lui donnera une chance d'être reconnu par un poids raisonnable.
(voir la méthode ELECTRE sur laquelle l'université Paris Dauphine a travaillé en collaboration avec l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne)
> autre billet sur la gestion de l'eau par bassin, pas si solidaire ?

2 commentaires:

  1. Un petit commentaire là, mais qui a à avoir avec les saumons plus haut. Juste pour signaler deux problèmes des analyses contingentes utilisant des méthodes déclaratives: (1) en l'absence d'incitations monétaires à révéler la disponibilité à payer, elle sur-estime l'utilité privée tirée de la préservation des saumons; (2) je doute par ailleurs qu'elle règle le problème de la sous-estimation par la population des externalités négatives générées par la dégradation de l'environnement, ou des externalités positives générées par la préservation des espèces.

    (commentaire de "Dreadlocks Fab")

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  2. c'est juste, Dreadlocks Fab
    c'est pourquoi l'analyse multicritères me paraît plus intéressante car elle introduit justement les externalités positives et négatives dont tu parles sous forme de critères à part entière
    ça renvoie d'ailleurs à mon autre billet sur la mesure du progrès, multicritère elle aussi (PIB, IDH, empreinte écologique, ...)

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merci pour votre commentaire constructif !

 
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