mercredi 19 janvier 2011

Services publics : économie mondialisée contre "égalitarisme débile" ?

13 janvier 2011 entre 10h et 11h.
Le débat n'avait certes pas de grandes ambitions. C'était une petite heure chrono sur France Inter (émission "Service public" d'Isabelle Giordano), mais quand même l'occasion pour les deux débatteurs d'échanger quelques amabilités.
D'un côté Jacques Cotta, auteur du bouquin "Qui veut la peau des services publics ?" - que je n'ai pas (encore) lu - dénonçant le délitement des services publics de base en France (éducation, santé, ...) et de l'autre son contradicteur du jour, Olivier Pastré, économiste à Paris VIII, tenant du classique fatalisme de genre : "Qu'est-ce que vous voulez ma bonne dame, on vit dans une économie mondialisée, c'est comme ça, on n'y peut rien de rien. Alors il faut faire des économies". Et notre contradicteur d'atteindre un sommet de mauvaise foi quand il raille ceux qui défendent écoles, hôpitaux et transports en commun au nom d'un "égalitarisme débile". De quoi me faire rebondir sur ce blog.

Certes le développement soutenable, c'est éviter de transmettre une dette publique à nos descendants. Mais c'est aussi maintenir un maillage équilibré de l'aménagement du territoire en hommes et en équipements. De là à craindre une politique égalitariste "débile", il y a un pas.
Ce qui est "débile", c'est par exemple ce que j'ai décrit brièvement dans un précédent billet sur la perte de mémoire dans nos ex-DDE : le savoir local concret se perd dans des armoires oubliées entre les locaux de l'équipement et ceux du Conseil Général. Résultat négatif d'une réforme générale de politiques publiques qui trouve ses racines dans la loi LOLF.
Jacques Cotta pointe du doigt cette LOLF (loi organique relative aux lois des finances) votée en 2001 et entrée progressivement en vigueur jusqu'au 1er janvier 2006. Dans l'esprit, cette loi traduit l'idée que chaque euro dépensé par l'Etat doit être justifié, pour ne pas dire rentable. Dans la forme cela donne une belle arborescence logique (34 missions déclinées en 133 programmes eux-mêmes découpés en centaines d'actions) avec des objectifs de résultats qui doivent être mesurés.
On retrouve ici les principes du management issus de l'entreprise appliquée à la chose publique. Pour le meilleur et pour le pire. Car pour définir les objectifs, nos ministères font preuve de peu d'imagination et s'en tiennent à du classique, facilement mesurable, mais pas forcément pertinent. La réduction du nombre d'agents devient ainsi un objectif à atteindre (non remplacement d'un départ sur deux) et on ne voit plus très bien en quoi cela sert les 34 missions de l'Etat (éducation, travail, défense, ...).

1 commentaire:

  1. Thibaut Lanthiez24/01/2011 22:52

    Cela semble improbable d'entendre encore que les choix faits en matière de services publics relèveraient de la loi des marchés. La crise financière a mis en lumière les limites des théories de Milton Friedman, nos politiques ont juré haut et fort que ce ne sera plus jamais comme avant et qu'il fallait mettre plus d'état dans la gouvernance.
    Enfin a-t-on pu se dire, nous allions ré-équilibrer les facteurs de décision et notamment mettre en avant les réelles attentes du peuple : santé, éducation, justice sociale.

    Peut-on continuer à être sourd à ce cri du coeur et fermer les yeux sur les écarts de plus en plus flagrants des niveaux de vie que notre beau modèle économique est en train de créer?

    Il est encore possible de faire des choix et même de revenir sur ce qu'on cru bien faire avant. Pourquoi avoir oublié si vite 2009 et l'occasion qui nous a été donnée de prendre un nouveau virage.

    Bon je n'ai pas lu ce livre non plus, j'attends le prochain blog pour me décider.

    RépondreSupprimer

merci pour votre commentaire constructif !

 
*/ referencement bing */ outil stats [/body] [/html]