mercredi 22 septembre 2010

Xynthia (suite) : la triple peine pour les territoires ?

Après la tempête Xynthia : la triple peine ?

Parlons un peu technique. Statistiques pour être plus exact.
La tempête Xynthia est un événement marin rare. Il faut le souligner.
Les analyses statistiques, basées sur des séries de mesures de niveau marin et de houle, nous apprennent en effet que, dans la nuit du 28 février au 1er mars 2010, la mer a atteint un niveau supérieur à une marée centennale. Kesako ? Cela signifie que chaque année, depuis les premières mesures disponibles jusqu'à aujourd'hui, il y a moins d'une probabilité sur 100 qu'un niveau tel que celui associé à la tempête Xynthia soit atteint. D'après les connaissances avant mars 2010, la tempête Xynthia aurait chaque année une probabilité de 1 sur ... 10 000 de se produire !
Cela semble déjà constituer un niveau de sécurité intéressant pour réglementer l'urbanisation des zones côtières de la façade atlantique hexagonale, dont les fameuses zones noires ... pardon, zones de solidarité (voir mon précédent billet sur cette épineuse question de sémantique). A condition de faire encore quelques hypothèses sur des risques "raisonnables" de rupture des digues.
Faut-il y ajouter une projection du relèvement moyen des niveaux des mers du globe en 2100 ? Double peine. Doit-on aussi considérer les quelques 1 000 km de digues comme "transparentes", c'est-à-dire totalement ruinées ? Triple peine.





Xynthia et le réchauffement climatique
La tempête Xynthia, et ses terribles conséquences pour les familles touchées par la perte d'un proche, encore un coup du réchauffement climatique ? Pas sûr, nous disent les autorités scientifiques. Pas sûr du tout.
En effet le lien entre la montée globale (donc pas partout sur la Terre) de la température moyenne (donc en moyenne sur toute la Terre) et une dépression atmosphérique de quelques heures au-dessus de nos côtes atlantiques hexagonales n'est pas établi. Loin de là. Le réchauffement climatique, disqualifié des causes probables des submersions marines de cet hiver, ne s'avoue pas vaincu si facilement.

Et pour demain ? A quoi pourrait ressembler Xynthia en 2100 ?
Les maisons construites " à la mer ", les agriculteurs et conchyliculteurs installés " derrière les digues " seront encore là. Que deviendra une tempête comme Xynthia ? Augmentée de 1 mètre, 2 mètres, comme semblent l'affirmer certains ? Rien n'est moins sûr a priori.
Car est-on bien sûr que le relèvement global et moyen du niveau de la mer, qui semble bien inéluctable, s'applique tel quel à un niveau marin aussi exceptionnel que celui atteint le 28 février dernier ?
C'est un peu comme si la SNCF nous annonçait que le pire retard de train que l'on peut désormais craindre est réduit d'une heure parce que le trajet moyen de ses millions de rames, régionales ou à grande vitesse, était lui-même réduit d'une heure. On comprend assez facilement que ça ne marche pas.

Principe de précaution, mode d'emploi ?
Il y a là sans doute un nouvel exemple d'application un peu trop rapide du principe de précaution, fort justement inscrit dans la constitution, mais auquel il manque peut-être une notice complète d'utilisation. Les députés en ont débattu le 22 juin dernier à l'Assemblée nationale. Le Comité de la prévention et de la précaution (CPP) préconise, par la voix de son président Alain Grimfeld, une approche "coûts-bénéfices" fondée sur les trois piliers du développement soutenable (environnemental, économique, social). Approche intégrée intéressante. Pourvu qu'elle ne se base pas sur des hypothèses scientifiques erronées, concernant par exemple l'aggravation des niveaux marins de tempête due au réchauffement moyen et général du climat.

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